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Le Rosaire de saint Dominique

Rosaire médité selon le R.P. O'Sullivan

 

 

 

L'Annonciation, Fra Angelico

 

L’ANNONCIATION

L’histoire de ce Mystère est la suivante : Dieu a envoyé l’Archange Gabriel annoncer à Marie que l’heure attendue depuis si longtemps par les Patriarches, les Prophètes et les Saints d’Israël, et pour laquelle ils avaient tant prié, était venue.

Le Verbe, le Fils de Dieu, allait se faire homme et Marie était choisie pour être sa Mère.

La première pensée qui se présente alors à nous est celle d’un Dieu fait homme pour l’amour de nous.

Que les chrétiens sont nombreux à n’avoir qu’une faible connaissance de ce prodigieux Mystère. Leur pensée, en disant le premier Mystère joyeux, est que « l’Ange a annoncé à Marie qu’elle allait être la Mère de Dieu », et rien de plus. Ils en restent là.

Quel bien cette vague pensée peut-elle leur faire ?

Peuvent-ils y trouver matière à méditation ?

À quoi devraient-ils penser ? 

Que signifie réellement l’Incarnation ? 

Quelles peuvent être les implications du fait que Dieu s’est fait homme ?

L’Incarnation signifie tout pour nous ; elle signifie notre salut éternel, notre bonheur en cette vie, notre bonheur dans l’éternité.

C’est la plus grande preuve que Dieu pouvait nous donner de son amour personnel, intime et infini pour chacun d’entre nous. Que Dieu nous vienne en aide si nous ne comprenons pas cela et si nous refusons de nous donner la peine de le saisir, de le sentir et d’en prendre conscience, car cette grande œuvre de Dieu nous sera alors de peu d’utilité.

Qu’est-ce que laisse entendre cette grande action de Dieu ?

Le Mystère est si sublime, si merveilleux que même l’Ange le plus élevé dans le Ciel n’aurait pu en imaginer la possibilité si Dieu ne lui avait révélé ce Mystère.

St Paul nous dit que Dieu a tout donné de lui-même, qu’il a épuisé toutes les réserves de son amour et de sa miséricorde infinie, toute sa puissance et toute sa sagesse en se faisant homme pour l’amour de nous. Lui, le Créateur tout-puissant du Ciel et de la terre, le Dieu qui remplit les cieux de sa majesté et de sa gloire, le Dieu immense, infini et éternel, s’est réduit à la faiblesse d’un tout petit enfant. Il s’est caché durant neuf mois dans le sein de sa Mère et il est né dans une étable entre deux animaux. Il a ensuite vécu trente-trois ans dans l’humilité et la pauvreté, sujet à d’innombrables insultes et outrages, pour finalement mourir d’une mort douloureuse et infâme, crucifié entre deux voleurs !

Nous ne devons pas passer rapidement sur ces mots ; nous devons plutôt nous efforcer d’en mesurer la grande signification !

Notez bien que Dieu n’a pas fait tout cela uniquement pour la race humaine en général, mais pour chacun de nous en particulier.

Il m’a vu, il a vu chacun de vous, chers lecteurs, et tout ce qu’il a fait a été fait spécialement pour vous et pour moi, comme si nous étions les seules créatures au monde. Notre cœur doit pour cela déborder d’amour et de consolation, mais encore faut-il que nous nous arrêtions à y penser et à le ressentir.

Il s’est fait homme et s’est soumis lui-même à toutes les ignominies et les souffrances de sa Passion non seulement pour nous montrer combien il nous aimait, mais pour nous obliger et nous contraindre autant qu’il le pouvait, sans nous enlever notre liberté, à l’aimer. Non seulement il nous aime, mais il désire très ardemment que nous l’aimions.

Écoutez ce qu’il dit lui-même : « Que pourrais-je faire pour mon vignoble que je n’aie déjà fait ? » Que pourrais-je faire pour gagner l’amour des hommes que je n’aie fait déjà ? Non, Dieu lui-même ne pourrait faire plus.

Il n’est pas mort seulement une fois pour nous sur la Croix, il meurt chaque jour pour nous sur l’autel car à chaque Messe Jésus meurt aussi réellement qu’il est mort sur le Calvaire.

Quels océans d’amour Dieu n’a-t-il pas déversés sur nous par son Incarnation. Pourquoi demeurons-nous si froids, si insensibles, si indifférents à cet amour infini ?

Simplement parce que nous ne nous arrêtons pas à penser, à comprendre ce Mystère infini.

Il est vrai que nos pauvres esprits sont bien faibles, nos cœurs froids et mesquins, et que l’amour de notre Dieu est infini, immense.

Comment nous est-il possible de comprendre cet amour infini de Dieu ?

En disant chaque jour le Rosaire. Cette prière nous permet de boire graduellement, d’absorber, d’assimiler ce Mystère d’amour et d’en prendre conscience.

Notre esprit est lent mais le Rosaire nous met constamment devant les yeux, et de la façon la plus simple, tout ce que notre doux Seigneur a fait pour nous.

Les foules de gens qui l’entouraient lorsqu’il était sur terre n’étaient pas plus intelligents que nous - probablement bien moins cultivés - mais ils comprenaient pourtant sa bonté, ils l’adoraient et ils l’aimaient. Nous pouvons en faire autant.

Comme nous l’avons déjà expliqué, pendant que nous pensons aux Mystères nous disons les Notre Père et les Je vous salue Marie, deux prières irrésistibles qui nous obtiennent des flots de lumière divine pour comprendre et pour sentir.

Notre doux Seigneur a demandé à l’homme dans l’Évangile : « Est-ce que tu crois ? » Et l’homme a répondu : « Seigneur, je crois, mais viens au secours de mon manque de foi. »

Notre pensée doit donc être de croire tout ce que Dieu a fait pour nous et nous devons prier la Mère de Dieu de nous donner cette foi claire, vivante et certaine.

Une seconde pensée nous est suggérée par la salutation de l’Ange.

S’inclinant profondément, il dit : « Salut Marie, comblée de grâce. »

Marie possède la plénitude de la grâce, grâce suffisante, grâce abondante qui la rend digne d’être la Mère de Dieu, la seule et unique Reine des Anges. Elle a aussi en abondance la grâce suffisante pour subvenir à tous les besoins de ses enfants. Dieu ne lui refuse rien, de sorte que St Alphonse nous dit qu’elle est en cela omnipotente.

Par ailleurs, elle-même ne nous refuse rien. Aucune mère sur terre n’a jamais aimé un enfant ni désiré autant son bonheur que Marie nous aime et désire que nous soyons heureux.

Dans ces Mystères, nous devons par conséquent lui demander avec ferveur une abondance de grâce divine. Avec cette grâce, les plus faibles peuvent devenir forts et le plus ignoble des pécheurs peut devenir un Saint.

Notre-Dame elle-même nous enseigne la troisième leçon.

Toutes les femmes de Judée avaient l’ambition de devenir un jour la Mère de Dieu.

Seule Marie n’a jamais rêvé de cette divine dignité. Elle avait même fait vœu de virginité, s’excluant elle-même, pensait-elle, de jamais devenir mère.

Quel amour de la virginité ! quelle profonde humilité ! Et lorsque l’Ange l’assure que par la toute-puissance de Dieu elle pouvait être la Mère de Dieu et rester vierge, elle accepte cet honneur divin avec la plus profonde humilité : « Je suis la servante du Seigneur.» Celle qui a été élevée à la dignité de Mère de Dieu, d’épouse du Saint-Esprit, se déclare humblement et sincèrement « la servante du Seigneur »,

Prions notre chère Mère de nous obtenir ces deux dons très précieux: la pureté et l’humilité. Ces deux vertus nous rendent très agréables aux yeux de Dieu et nous assurent de son amour divin et de son affection.

En acceptant la Maternité divine, Notre-Dame s’est servie d’une formule qui nous présente une autre leçon. Elle n’a pas dit, « J’accepte », mais « Que tout se passe pour moi comme vous l’avez dit », Elle montrait ainsi que ce n’était pas sa volonté, mais la volonté de Dieu qu’elle cherchait à accomplir.

La perfection la plus haute, le plus grand bonheur que nous puissions atteindre est de vouloir faire uniquement la volonté de Dieu. C’est pourquoi nous disons chaque jour :

« Que votre volonté soit faite. » Si nous faisons la volonté de Dieu, nous devons être saints et heureux. Si nous ne faisons pas la volonté de Dieu, nous courons nous-mêmes à notre perte.

Finalement, nous ferions bien en disant ce Mystère d’offrir à Notre-Dame toutes les joies et toutes les grâces qu’elle a reçues au moment de l’Annonciation, en lui demandant d’y participer largement.

 

 

La Visitation, Jacopo Carruci alias Pontormo

 

LA VISITATION

Le deuxième Mystère joyeux est la Visitation. La bienheureuse Mère de Dieu ayant appris que sa cousine Élisabeth avait besoin d’aide, elle se mit immédiatement en route pour un long et difficile voyage afin de la visiter et de la consoler.

Certains chrétiens pensent que ce Mystère se prête peu à la méditation, mais le fait est qu’il contient une très importante leçon et qu’il nous enseigne une vertu qui est un des devoirs essentiels de la vie et que nous sommes tous tenus de pratiquer.

La leçon que la Mère de Dieu nous enseigne est la charité, cette vertu des vertus sans laquelle il nous est impossible de plaire à Dieu.

Notre-Seigneur nous assure que tout ce que nous faisons pour notre prochain, c’est à lui-même que nous le faisons et il nous donnera pour cela la même récompense.

Si nous donnons un verre d’eau à un pauvre pour l’amour de Dieu, cela nous vaudra une récompense éternelle. Est-ce que nous pensons à cela ?

Notre-Seigneur considère cette vertu comme la sienne propre : « Mon commandement est que vous vous aimiez les uns les autres. »

Les premiers chrétiens pratiquaient si bien cette vertu que les païens s’exclamaient avec admiration : « Voyez comme ils s’aiment ! »

Notre Sauveur nous dit que lorsque les justes paraîtront devant lui en jugement il leur dira, « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, pri­ sonnier et vous êtes venus me voir. »

Ils lui répondront en disant : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer ? »

Et il leur dira : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! »

Et aux autres il dira : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire, j’étais un étranger et vous ne m’avez pas accueilli, nu et vous ne m’avez pas vêtu. »

Ils demanderont alors : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ? »

Alors il leur répondra : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. »

Notre-Seigneur nous montre continuellement dans la vie des Saints que tout ce que nous faisons à notre prochain, c’est à lui que nous le faisons.

Comme il n’avait rien d’autre alors à donner à un pauvre homme, St Martin lui abandonna la moitié de son manteau. Jésus lui apparut cette nuit-là dans une vision revêtu de la moitié de son manteau et disant à des Anges : « Voici ce que Martin m’a donné aujourd’hui. »

Un mendiant demanda un jour l’aumône au Bx Jourdain de Saxe alors qu’il était étudiant à l’Université de Bologne. Il n’avait pas d’argent sur lui ; aussi, avec une héroïque charité, il enleva une précieuse ceinture qu’il portait et la tendit au suppliant. Quelque temps plus tard, il entrait dans une église pour dire une prière devant le grand crucifix lorsque, surpris et ravi, il aperçut sa ceinture entourant la taille de Jésus crucifié ! Jourdain devint un très grand Saint et un des plus grands apôtres de son temps. Il entra dans l’ordre des dominicains et succéda à St Dominique comme maître de l’ordre.

Nous avons chaque jour d’innombrables occasions de pratiquer cette vertu.

Nous avons les pauvres, auxquels nous pouvons et devrions faire de généreuses aumônes. Nous avons les âmes du Purgatoire pour qui nous avons le devoir de prier, et quoi de plus facile que de prier pour ces âmes souffrantes. Il y a ces milliers de petites gentillesses que nous pouvons répandre autour de nous. Nous pouvons sympathiser avec ceux qui souffrent et les consoler.

D’autre part, nous avons le devoir de nous abstenir de blâmer ou de critiquer les autres ; nous n’avons pas le droit de condamner ou de juger sévèrement les fautes de ceux avec qui nous vivons.

Et pourtant, chers lecteurs, rien n’est plus courant que ces manquements à la charité et si légers qu’ils puissent nous paraître, ces péchés peuvent nous retenir prisonniers dans le Purgatoire pour de longues, de très longues années.

La pensée principale de ce Mystère est donc la charité.

Chaque fois que nous pensons à la Visitation, nous devons prier la chère Mère de Dieu de nous obtenir cette vertu à un degré éminent.

Elle était devenue la Mère de Dieu. Dieu reposait dans son sein comme dans un vivant Tabernacle. Toutes ses pensées étaient naturellement tournées vers lui. Son ardent désir était de s’adonner à ce très pieux souvenir, aux joies immenses et aux délices de la communion avec son divin Fils. Elle était plus intimement et plus affectueusement unie à lui que les Chérubins et les Séraphins qui se tiennent devant le trône de Dieu dans le Ciel.

Mais au lieu de s’abandonner à ces saintes et légitimes inclinations, elle entreprit immédiatement un périlleux voyage afin d’apporter les secours nécessaires à sa cousine Élisabeth qui avait besoin de son aide.

Quel sacrifice ! quelle héroïque charité ! À cette époque, les routes étaient mauvaises et on devait craindre les bêtes sauvages et les voleurs.

Une seconde belle pensée que suggère ce Mystère est que nous pouvons remercier Dieu pour tout l’amour et toute la tendresse qu’il a manifestés envers Marie. Les Saints nous assurent que si nous remercions Dieu pour les vertus et les grâces accordées à un Saint, nous recevons pour cela une large part de ses vertus.

Notre-Seigneur, dans sa miséricorde infinie, a fait de Marie la Reine de la Miséricorde. Elle est « notre vie, notre douceur et notre espérance ». Elle déborde de compassion et de pitié pour chacun de nous. Jamais un pécheur qui a fait appel à Marie n’a été abandonné. Nous devons aller vers elle dans toutes nos difficultés et tous nos chagrins, car aucune mère sur terre n’est aussi douce et ai­ mante que Marie.

Voici encore une autre pensée. Notre bienheureuse Mère est si douce, si aimable, si affectueuse. Demandons-lui de nous donner une large part de sa douceur et de sa gentillesse.

Un vénérable prêtre dit un jour à l’auteur de ces lignes : « Lorsque je dis le deuxième Mystère du Rosaire, je rappelle à notre bienheureuse Mère que si Élisabeth était sa cousine, je suis son enfant, et qu’elle a aidé et soigné Ste Élisabeth. Je lui demande de m’aider et de me soigner lorsque je serai malade et en difficulté. Les années passent et je sens que je deviens vieux, aussi je lui demande de veiller sur moi, de ne pas m’abandonner dans mon vieil âge. Et je suis bien sûr qu’elle fera tout ce que je lui demande de sorte que j’ai l’esprit plus en paix. »

Il a également demandé à Marie la grâce de mourir un jour qui lui est consacré et d’être avec lui à l’heure de sa mort.

Quelle confiance amoureuse ce cher vieux prêtre avait mis dans sa Mère du Ciel ! Nous ferions bien de l’imiter nous aussi.

 

 

Nativité, Gerrit van Honthorst

 

LA NAISSANCE DE NOTRE-SEIGNEUR

Ce Mystère est en vérité une révélation de l’Amour divin.

Nous sommes à Bethléem la nuit de Noël et nous regardons l’Enfant divin couché sur un lit de paille, réchauffé par le souffle de deux pauvres animaux. Et il est Dieu!

Nous voyons la sainte Vierge Marie penchée sur Jésus, son Fils et son Dieu, pour l’adorer, l’aimer, le bénir et le remercier. Quels océans d’amour emplissent son cœur!

St Joseph est saisi d’un ravissement que rien ne saurait décrire. Il est le père adoptif, le protecteur, le défenseur de son Dieu. Il prend effectivement la place du Père Éternel vis-à-vis de Jésus.

Des foules d’Anges entonnent leurs cantiques célestes.

Ils contemplent ici une vision d’amour qu’ils n’avaient jamais pu voir dans le Ciel.

Là, ils ont vu sans voile la gloire et la majesté de Dieu.

Ils ont vu ce même Dieu réduit pour l’amour des hommes à la forme d’un petit enfant emmailloté de langes et couché dans une mangeoire.

Nous voyons les bergers entrer dans la crèche et s’agenouiller pour adorer leur Dieu. Parmi tous les grands de la terre, ces humbles hommes ont été les premiers amis que Dieu a appelés pour rendre visite à son divin Fils.

Leur âme est emplie d’une paix, d’une joie et d’un bonheur étranges, une joie qu’ils n’avaient jamais éprouvée auparavant.

Et nous ! Nous assistons à la même scène chaque fois que nous entendons la Sainte Messe ! Jésus vient au monde aussi réellement et véritablement sur l’autel que lorsqu’il est né à Bethléem. Autour de l’autel, autour du prêtre, des foules d’esprits célestes sont absorbés dans la contemplation. Nous sommes les invités, les amis que Dieu a spécialement appelés pour adorer son Fils.

Bien mieux encore, Jésus naît dans notre cœur à la Sainte Communion. Il entre dans notre âme elle-même. Il nous embrasse, il nous aime, il s’unit à nous très intimement.

Comme l’eau s’unit à l’éponge dans laquelle elle est immergée et dans chacune de ses particules, comme le feu envahit tous les atomes du fer placé dans la fournaise, ainsi Dieu s’unit à nous très intimement dans la Sainte Communion.

Voilà la méditation, voilà la pensée que nous devons avoir en disant ce troisième Mystère joyeux.

Demandons à la sainte Mère de Dieu de nous faire comprendre comment Jésus naît sur l’autel dans la Sainte Messe et comment Jésus naît dans notre âme dans la Sainte Communion.

Oh, si nous avions des yeux pour voir et un esprit pour comprendre, nous ne serions pas si froids, si distraits pendant la Messe ! Notre cœur serait brûlant d’amour si nous savions seulement ce que signifie la Sainte Communion ! Les églises seraient bondées et les catholiques s’approcheraient en foule de la table de Communion.

Mais tout cela arrivera si nous disons notre Rosaire comme nous le devrions, si nous demandons chaque jour à la Mère de Dieu de nous donner une foi vivante et vraie dans le grand Mystère de l’autel.

Quelle était la différence entre l’unique Communion que fit la bienheureuse Imelda et nos Communions ? Simplement celle-ci : elle a senti son Dieu naître dans son cœur. Pas nous.

Si Zachée, ce pécheur endurci, est devenu un Saint après une seule visite de Notre-Seigneur, nous le pouvons bien plus encore par une seule Sainte Communion. Jésus est entré dans la maison de Zachée mais ce n’est pas dans notre maison qu’il entre maintenant, c’est dans notre âme elle-même.

Ô sainte Mère de Dieu ! aidez-nous, aidez-nous à croire !

Il y a une autre pensée qui fait grand plaisir à Notre-Dame et c’est la suivante.

Le moment le plus heureux dans la vie d’une mère est lorsqu’elle tient son premier-né dans ses bras et le serre sur son cœur. Tous ses amis viennent la voir et la féliciter. Son bonheur est complet.

Avons-nous déjà félicité la Mère de Dieu en ce moment béni où Jésus est né, lorsqu’elle l’a tenu dans ses bras et pressé sur son cœur ?

Si une mère terrestre peut ressentir une telle joie à la naissance de son enfant, quelle n’a pas dû être celle de la chère Mère de Dieu à la naissance de Jésus !

Offrons-lui de nouveau cette joie, félicitons-la, réjouissons-nous avec elle. Elle nous sera très reconnaissante pour cette pensée.

Pourquoi donc les mamans de cette terre, lorsqu’elles disent ce Mystère, ne peuvent-elles prier et implorer Marie - par la joie et le bonheur de devenir la Mère de Dieu - de les aider à bien élever leurs enfants, de les garder de tout mal.

Les prêtres surtout devraient demander à Marie de les aider au moment redoutable de la Consécration à dire avec un amour infini : « Ceci est mon Corps ... Ceci est mon Sang ... » car c’est Jésus qui naît à ce moment entre leurs mains.

 

 

La Présentation, Fra Angelico

 

LA PRÉSENTATION AU TEMPLE

Dans ce Mystère, nous considérons comment la Mère immaculée de Dieu s’est elle-même soumise à la loi juive de la Purification - tout comme si Marie, si pure et si sainte, avait besoin d’être purifiée.

De plus, elle soumit son divin Fils à la même humiliante cérémonie.

Pourquoi ? Simplement pour nous enseigner par son exemple cette obligation fondamentale de notre vie : l’obligation de faire notre devoir.

C’est un principe simple et évident, mais d’une indicible importance.

Nous attendons du soldat qu’il fasse son devoir. Sinon, on le considère comme un lâche et un poltron.

Nous exigeons de nos serviteurs qu’ils fassent leur devoir. S’ils y manquent, nous les renvoyons.

Le médecin qui fait son devoir, qui met tout son cœur dans son travail, atteint rapidement la notoriété. S’il est négligent, il peut causer la mort de ses patients.

L’étudiant qui étudie avec ardeur fait beaucoup plus de progrès que ses camarades et se prépare une carrière lucrative et honorable. Le paresseux, par contre, fera face tôt ou tard à la pauvreté et à la disgrâce.

La mère qui insuffle dans l’esprit de ses enfants cette règle d’or, donne au monde des hommes et des femmes splendides. Si elle néglige son devoir, elle sera la cause de leur malheur dans la vie et peut-être même de leur ruine éternelle.

Il en est ainsi dans tous les secteurs de la vie. La personne qui fait constamment son devoir est heureuse, obtient du succès et gagne l’estime et la confiance de tous.

Voilà la première pensée qui doit occuper notre esprit lorsque nous disons le quatrième Mystère joyeux, c’est à dire demander à notre bienheureuse Mère de nous donner une idée claire de l’importance de cette grande règle de l’existence dont la portée est considérable : « Il faut toujours faire son devoir. »

Il peut être très difficile de le faire en certains cas, mais si nous sommes habitués à faire notre devoir dans les petites choses de la vie courante, Dieu nous donnera alors la force de le faire dans des circonstances plus difficiles. En disant ce Mystère, nous devons prier avec ferveur pour cette vertu essentielle, l’amour du devoir, la grâce de faire notre devoir en toute occasion, sans craindre et sans flé­chir.

Le vénérable Siméon et la prophétesse Anne attendaient chaque jour la venue du Rédempteur et ils ont obtenu en récompense de leur assiduité la joie, la grâce d’être parmi les premiers des enfants d’Israël à voir et à adorer le Messie.

Tous ceux qui, comme eux, font leur devoir, sont assurés d’une grande récompense.

D’autres, en disant ce Mystère, demandent la grâce d’une bonne mort. Lorsque le vieillard Siméon a reçu l’Enfant dans ses bras, son cœur a débordé de joie et de paix, et il se proclama lui-même prêt à mourir. Nous ne saurions demander trop souvent la grâce suprême d’une mort sainte et heureuse.

Il est une autre considération importante qui ne doit pas nous échapper. Siméon, en voyant Marie, lui annonça qu’un glaive de douleur lui percerait le cœur. Nous devons nous aussi nous préparer à des peines et à des souffrances, car nous sommes ici sur une terre d’exil ; ce n’est pas notre véritable demeure, mais une vallée de larmes. Nous sommes ici pour mériter le Ciel et ses récompenses éternelles. Toutes ces nombreuses souffrances de la vie, les petites comme les grandes, sont une source de mérite infini. Cinq minutes de douleurs et de peines supportées avec patience nous sont plus profitables que des années de plaisir et de succès. C’est Jésus qui nous offre une petite part de sa Passion. C’est lui qui permet chacune de nos peines et de nos souffrances. Chaque croix est accompa­gnée d’une grâce.

Nous devons par conséquent offrir tous les ennuis et toutes les difficultés de la vie, les contrariétés au travail, les maladies et les problèmes, en union avec la Passion et les souffrances de Notre-Seigneur, en union avec les douleurs de notre sainte Mère.

N’oublions pas de demander à la Mère de Dieu de nous aider à supporter patiemment nos épreuves. Personne n’a souffert comme elle, à l’exception de Notre-Seigneur. Personne ne sait mieux qu’elle nous aider et nous consoler, nul n’est plus disposé à le faire. Disons-lui souvent : « Ô très chère Mère, par ce glaive de souffrance qui a transpercé votre cœur, aidez-moi dans la souffrance ! »

Les grandes souffrances de la vie, mais aussi les plus petites, nous obtiennent des mérites immenses. Ne perdons pas ces mérites par notre impatience. Nous ne saurions répéter trop souvent que les peines de la vie, et tout spécialement les petites misères quotidiennes, nous obtiendront une couronne semblable à celles des martyrs eux-mêmes si nous les supportons avec patience.

Il est bon également de se rappeler que si nous supportons patiemment la douleur, elle perd tout son aiguillon, tout son venin, et devient relativement facile à supporter.

Lorsque nous sommes irrités ou en colère, la douleur se multiplie et devient presque intolérable.

 

 

Le Recouvrement au Temple, Giotto di Bondone

 

LE RECOUVREMENT DE JÉSUS DANS LE TEMPLE

Dans le cinquième Mystère, nous pensons à la sainte Mère de Dieu qui a perdu son divin Fils sans qu’il y ait eu faute de sa part et qui le retrouve dans le Temple après trois jours de recherche.

Il y a ici deux choses à considérer : premièrement, la douleur amère et poignante de Marie qui avait perdu le divin Enfant ; deuxièmement, la joie indicible qu’elle a éprouvée en le retrouvant.

Les auteurs sacrés nous disent que la perte de Jésus fut une des plus grandes douleurs de Marie.

Quelle différence avec notre conduite lorsque nous perdons Jésus ! Nous perdons Dieu fréquemment, mais nous sommes à ce point aveugles et insensés que cette perte nous laisse insensibles. Nous ne souffrons pas d’être séparés de notre Dieu ; il ne nous manque pas !

Comment perdons-nous Dieu ? Premièrement par le péché. Si c’est par un péché mortel, nous chassons Dieu de notre âme et nous permettons au diable d’entrer pour prendre sa place. Bien des chrétiens n’ont pas la moindre idée de la gravité d’un péché mortel.

1) À cause de ce péché, ils perdent l’amitié de Dieu et son amour.

2) Tant qu’ils demeurent en état de péché mortel, ils sont en révolte contre Dieu.

3) Il n’y a pas de mots pour exprimer la laideur et la corruption de l’âme en état de péché mortel. Si un homme devait voir son âme dans cet état, il en mourrait d’horreur.

4) Cet homme peut mourir à tout moment et tomber en Enfer. C’est par centaines et par milliers que des âmes tombent chaque jour en Enfer. Un homme en état de péché mortel ressemble à un enfant qui marche sur le bord d’un précipice. Il peut à tout instant plonger tête première vers une mort affreuse.

Ah, chers lecteurs, demandez à la Mère de Dieu de vous préserver avec tous ceux qui vous sont chers de commettre jamais un seul péché mortel !

5) Par un péché mortel, vous crucifiez le Fils de Dieu.

Le péché véniel nous sépare également de Dieu, mais pas dans la même mesure.

Un péché véniel peut parfois être si grave qu’il est difficile de savoir s’il est véniel ou mortel. Ensuite, ce péché peut nous faire passer de longues années dans les terribles flammes du Purgatoire, lesquelles, nous dit St Thomas, sont semblables aux flammes de l’Enfer. Il faut certainement qu’un péché véniel soit bien grave pour qu’un Dieu d’amour et de miséricorde soit obligé de le punir avec une telle sévérité.

Si une âme devait entrer souillée dans les joies infinies du Ciel ne serait-ce que d’un seul péché véniel, elle abandonnerait toutes ces immenses joies pour se précipiter de son plein gré dans les flammes du Purgatoire plutôt que de conserver sur elle cette unique souillure.

Que faut-il donc penser de cette multitude de péchés véniels que nous commettons avec tant de légèreté, notre froideur, de notre indifférence, notre indolence, notre tiédeur, notre amour excessif du plaisir, notre ingratitude et, surtout, de notre insouciance envers Dieu.

Nous ne permettons pas à Dieu d’entrer dans notre vie, nous ne le connaissons pas et nous ne l’aimons pas comme le devrions.

Nous pensons à tout et à n’importe quoi, mais très peu à Dieu.

Et Dieu est pourtant notre grand ami - car Dieu, et Dieu seul, peut nous donner la paix, la joie et le bonheur.

Il n’y a pas de plus grand mal en ce monde que de croire qu’on puisse être heureux sans Dieu.

La deuxième considération est la joie immense et indicible de Marie lorsqu’elle a retrouvé Jésus.

Notre plus fervente prière doit être de demander à la sainte Mère de Dieu, par la joie infinie qu’elle a ressentie en retrouvant son divin Fils, de nous aider à le trouver nous aussi - c’est-à-dire à le connaître, à l’aimer, à lui faire confiance et à le traiter en ami.

C’est à cela que le Rosaire peut très certainement nous aider si nous le disons chaque jour avec ferveur.

Il n’est aucune grâce que notre sainte Mère ne nous accorde plus volontiers que de nous aider à connaître et à aimer son Fils.

POURQUOI DEVRIONS-NOUS AIMER DIEU ?

Nous voyons à cela neuf raisons :

Dieu est infiniment bon et aimable. Si nous devions le voir ne serait-ce qu’un instant notre cœur brûlerait d’amour et nous volerions vers lui.

C’est le spectacle de la beauté, de l’amour et de la miséricorde de Dieu qui remplit le Ciel de bonheur. Tel est le Dieu que l’on nous demande d’aimer.

Si le diable pouvait voir Dieu un seul instant, son être serait si rempli de bonheur qu’il ne pourrait plus jamais souffrir.

Dieu nous a créés avec un amour infini.

Dieu a souffert la mort affreuse du Calvaire pour l’amour de nous.

Dieu a créé notre cœur expressément et uniquement pour l’aimer, et ce cœur ne peut trouver le bonheur s’il n’aime pas Dieu.

Le plus petit acte d’amour aura une récompense éternelle.

Les œuvres les plus grandes qu’un homme puisse accomplir, si elles ne sont pas faites pour l’amour de Dieu, sont sans valeur.

Le cœur de l’homme a été fait pour Dieu et il ne peut trouver la paix ou être heureux s’il n’aime pas Dieu.

Voilà donc la grâce que nous devons demander à Notre-Dame dans ce cinquième Mystère joyeux : trouver Dieu, connaître Dieu, aimer Dieu.

 

 

 

 

L'Agonie de Jésus, Jacopo di Ligozzi

L’AGONIE DE JÉSUS DANS LE JARDIN

Notre-Seigneur, le Fils de Dieu, entre dans le Jardin des Oliviers.

Son âme est triste jusqu’à la mort.

Quelle tristesse, quelle angoisse n’a-t-il pas fallu pour tirer du Fils de Dieu une telle confession !

Il pénètre dans le Jardin, il demande à ses faibles disciples de l’aider, de veiller avec lui. À quelles extrémités n’est-il pas réduit pour devoir solliciter ainsi l’aide de ces fragiles humains !

Dans l’obscurité de la nuit, il laisse monter ce cri déchirant vers son Père éternel : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que votre volonté se réalise ! »

Il accepte le calice et le boit jusqu’à la lie.

Puis il tombe à genoux dans une agonie d’infinie désolation. Pris d’une angoisse extrême, son Précieux Sang sort comme une sueur de tous les pores de son Corps Sacré.

Quelle est la cause de tout cela ? Nos péchés - vos péchés, chers lecteurs, et les miens.

Qu’est-ce qui se présente à sa vue ? La vision, la terrible vision dans tous ses détails de ce qu’il lui faudra souffrir.

Ce qui est incomparablement plus terrible encore, il voit les horribles péchés et tous les crimes des hommes. Celui qui est la sainteté même prend sur lui la malice et la méchanceté de l’humanité. Il n’est pas étonnant qu’une sueur de sang coule de chacun des pores de son Corps Sacré.

Il voit la noire ingratitude des hommes. Il voit ces âmes innombrables qui en dépit de ses souffrances, par leur bêtise et leur folie, iront se précipiter en Enfer pour avoir péché par volonté délibérée.

Si seulement nous pouvions ressentir la vérité infinie, la réalité de l’agonie du Christ et surtout, si nous pouvions prendre conscience que lui, le Fils de Dieu, a fait tout cela pour vous et pour moi.

Prions et implorons notre sainte Mère de nous aider à comprendre cet amour infini. Offrons le sang, l’angoisse, les mérites infinis de l’agonie du Christ au mont des Oliviers en réparation pour nos péchés. Offrons sa haine du péché, sa peine, pour racheter notre manque de tristesse et de repentir.

Il a offert tout cela pour moi. Ses souffrances sont les miennes. Je veux les offrir en union avec les Messes dites partout dans le monde pour obtenir le pardon de mes péchés et le pardon pour les péchés du monde.

Il est bon de dire ce premier Mystère avant d’aller se confesser. Beaucoup doutent gravement de la sincérité de leur tristesse. Qu’ils disent avec dévotion ce Mystère.

 

 

 

La Flagellation, Pacino di Bonaguida

LA FLAGELLATION

Nous contemplons dans ce Mystère, la réalité incompréhensible d’un Dieu férocement flagellé par ses ennemis sur la place publique devant une foule sauvage, la foule de son peuple élu qu’il est venu sauver !

Les détails de cette flagellation sont impossibles à décrire. Nous ne mentionnerons que les principaux faits.

Le Christ a été dépouillé de ses vêtements et attaché à un pilier. Les plus féroces bourreaux que ses ennemis ont pu trouver ont été armés de terribles fouets et ces barbares ont fait pleuvoir les coups avec une affreuse sauvagerie sur le Corps délicat de notre Sauveur. Lorsqu’un groupe semblait épuisé, un autre le remplaçait et durant une heure terrible, ces monstres inhumains - de toute la force de leurs bras musculeux, n’infligèrent pas moins de 6.000 coups au Fils de Dieu. Son Corps était couvert d’horribles plaies, depuis la tête jusqu’à la plante des pieds.

Oh, quelle souffrance ! Comment a-t-il pu y survivre ?

Il était soutenu par son amour tout puissant.

Pourquoi, cher Seigneur, avez-vous subi cette indescriptible souffrance ? Pour moi, pour mes péchés ! Je le crois.

Peut-il y avoir aucun doute ? Non, aucun.

Doux Seigneur, alors que les coups pleuvaient sur votre pauvre chair sans défense, vous m’avez vu, vous avez offert chacune de ces horribles tortures pour moi, et pourquoi ? Afin d’obtenir réparation pour mon égoïsme, ma sensualité, mon manque de chasteté et de pureté, ma complaisance coupable dans mes passions.

Sainte Mère de Dieu qui avez été témoin de cette horrible scène, priez votre divin Fils d’appliquer à ma pauvre âme les mérites de cette affreuse flagellation. Mais, ô douce Mère, demandez-lui plus encore en me faisant voir, sentir et comprendre son amour pour moi.

Nous ferions bien d’offrir ce Mystère en réparation pour nos péchés afin de racheter notre manque de mortification, notre égoïsme, notre paresse, notre indolence.

N’oublions jamais que l’application de la Passion à notre âme est incomparablement plus méritoire que la mortification la plus sévère.


 

Couronnement d'épines, Quintino Metsjs o Massjs

 

LE COURONNEMENT D’ÉPINES

Notre-Seigneur est couronné d’épines.

Les ennemis de Notre-Seigneur, dans leur furie insensée, ont inventé des tortures inouïes pour l’innocent Fils de Dieu.

Ils ont résolu, par dérision diabolique, de se moquer de ce roi en lui mettant sur la tête une couronne de longues épines acérées et perçantes. Ils ont tressé cette couronne de telle sorte que les épines lui entraient dans la tête par tous les angles.

Nous devons nous rappeler que le Corps de Notre-Seigneur était particulièrement sensible, de sorte que Jésus a souffert avec une intensité que nous ne pouvons imaginer.

Les soldats ont enfoncé la couronne sur la tête de Notre-Seigneur avec une force brutale. Les épines étaient enfoncées profondément et ressortaient par le front. Ils lui ont frappé la tête et retiré plusieurs fois sa couronne en arrachant violemment les épines pour la replacer avec une brutalité renouvelée.

St Anselme dit qu’il y avait jusqu’à 72 épines mais que les horribles plaies qu’elles infligèrent atteignent bien le millier. L’indicible souffrance de cette torture a duré jusqu’à la mort de Notre-Seigneur, de sorte que sa divine tête a été littéralement tenaillée par la douleur la plus intense.

Loin de manifester la moindre pitié, les soldats et les bourreaux, incités par les Juifs, se moquaient du Christ en lançant des injures et des blasphèmes.

Rappelons-nous de nouveau que Jésus était réellement le Fils de Dieu, le grand Créateur et Seigneur tout puissant du Ciel et de la terre.

Pourquoi s’est-il soumis à cette dérision, à ce blasphème et à cette atroce torture ?

Il a fait cela pour l’amour de vous, pour l’amour de moi; il l’a fait pour gagner, pour forcer notre amour. N’est-ce pas un crime abominable, la plus noire ingratitude, une monstrueuse folie de notre part de ne pas nous donner la peine de comprendre l’amour infini que Notre-­Seigneur a pour nous ?

Lorsque nous disons ce Mystère, nous devons prier avec une ferveur extrême la bienheureuse Mère de Dieu de nous obtenir la grâce de comprendre dans toute leur clarté ces nouvelles souffrances de Jésus pour nous. Nous devons lui demander de faire naître en nos cœurs froids et indifférents un amour, une gratitude et une reconnaissance comparables à cet amour divin.

Demandons également à Notre-Seigneur la grâce de supporter avec patience, pour l’amour de lui, les insultes et les offenses auxquelles nous pouvons être exposés durant nos pauvres vies.

Mais Dieu, dans son amour, avait une autre raison de souffrir aussi cruellement. Il voulait ainsi obtenir pleine réparation pour les innombrables péchés commis pour ainsi dire dans notre tête, c’est-à-dire ces mauvaises, insensées et ignobles pensées par lesquelles nous l’avons si souvent et si gravement offensé. Notre esprit est à l’image de l’esprit divin. Notre intelligence est notre faculté la plus haute et la plus noble par laquelle nous sommes faits à l’image de Dieu lui-même.

Les pensées qui traversent cette intelligence devraient être dignes de Dieu. Et pourtant, comme il nous arrive souvent d’entretenir des pensées mauvaises, des pensées de vanité et d’égoïsme, des pensées de colère et d’amertume, des pensées d’impureté qui souillent notre âme et la rendent sale et corrompue, semblable au diable lui-même.

Et puis viennent ces multitudes de pensées oiseuses et inutiles, des pensées d’impatience et de nervosité, de vaines peurs et de doutes.

Chacune de ces milliers de pensées qui nous traversent l’esprit pourrait tout aussi facilement être un acte d’amour parfait, comme nous l’avons expliqué en parlant de l’Offrande matinale.

Appliquons dans ce Mystère les mérites infinis du Couronnement d’épines à notre âme, à notre esprit. Prions le Seigneur de nous pardonner les innombrables pensées inutiles et coupables du passé, et de nous accorder la grâce d’utiliser à l’avenir notre esprit et notre imagination pour sa gloire et pour notre bonheur et notre bien.

PRIÈRE par le couronnement d'épines

Ô Jésus, par les indescriptibles souffrances que vous avez endurées dans le Couronnement d’épines, pardonnez­ moi les innombrables péchés que j’ai commis par des pensées et des imaginations mauvaises. Amen.

Demandons cette précieuse vertu d’humilité qui nous donnera la paix que tous nous désirons tant.

 

Le Portement de la Croix, Sodoma II

 

LE PORTEMENT DE LA CROIX

Dans le quatrième Mystère douloureux, nous contemplons le Christ qui porte sa Croix jusqu’au Calvaire.

Nous voyons immédiatement les innombrables pensées que nous offre ce Mystère. Nous connaissons bien le Chemin de la Croix avec ses quatorze Stations.

Ce Mystère du Rosaire nous met à l’esprit ces quatorze considérations.

Il ne nous est pas toujours possible de nous rendre à l’église pour faire les quatorze Stations, mais il est très facile de dire le quatrième Mystère douloureux du Rosaire. Malheureusement, certains disent ce Mystère sans obtenir les immenses bénéfices qu’ils pourraient en retirer.

Le Christ, le Fils de Dieu, égal au Père et à l’Esprit Saint, épuisé par les souffrances et le sang répandu au cours de son Agonie et de la Flagellation, le Christ porte sa Croix. Six mille terribles coups de fouet se sont abattus sur son Corps ; chacun d’eux à ouvert une plaie béante et fait couler le sang en abondance. Il y eut ensuite le Couronnement d’épines et ses douleurs atroces et prolongées.

Bien qu’il soit à bout de forces, que son Corps soit couvert de plaies, qu’il ait la tête brisée par la douleur et l’âme remplie d’angoisse et de désolation, on l’oblige à porter cette lourde Croix.

Son bord coupant a ouvert sur son épaule une terrible plaie qui à elle seule lui cause une douleur intense.

Totalement épuisé, il tombe et retombe sur les pierres du chemin et le poids de la Croix l’écrase sur le sol en rouvrant ses plaies pour laisser couler le peu de sang qui reste encore dans son Corps exténué.

En fait d’aide et de pitié, ce sont des coups qui pleuvent sur lui; on l’insulte et on le blasphème.

Oh, comme le cœur de sa sainte Mère est déchiré par la douleur ! Elle ne peut pas l’aider, elle ne peut pas le consoler.

Nous nous posons une fois de plus la question : pourquoi Dieu a-t-il souffert ces nouveaux outrages, ce mépris, ces insultes ?

Nous répondons qu’il a fait tout cela pour l’amour de nous, pour obtenir le pardon de nos péchés, nous sauver de l’Enfer et surtout, pour nous contraindre à l’aimer.

Pourquoi sommes-nous si durs, si froids, si ingrats, si incroyants ?

Ô Mère de Jésus, faites-nous croire, ouvrez nos yeux, faites-nous voir à quel point Dieu nous aime !

Si nous demandions ce que notre cher Seigneur avait particulièrement à l’esprit lorsqu’il a fait le Chemin de la Croix, la réponse serait : « Il a vu notre misérable faiblesse, il a vu nos fautes quotidiennes, nos péchés, notre impuissance. »

Il a souffert les terribles douleurs du Chemin de la Croix pour nous mériter de la force, la force nécessaire pour nous sortir de la fange dans laquelle nous sommes vautrés, la force de surmonter les misérables vanités qui nous assaillent, la force d’être des fils de Dieu.

Nous attirons une fois encore votre attention, chers lecteurs, sur un point capital, c’est que tous les efforts de Dieu, toutes ses souffrances, toutes les grâces qu’il nous offre sont bien près d’être perdus pour nous si nous ne prenons pas la peine d’y penser, de les comprendre.

Jésus sur la Croix a fait tout ce qu’il pouvait pour sauver les deux larrons crucifiés à ses côtés. Il a prié pour eux. Il a offert personnellement ses souffrances pour eux.

L’un est resté sourd à ses efforts et s’est perdu. L’autre a accepté la grâce que lui offrait notre doux Seigneur et il eut le bonheur de l’entendre dire, « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ».

Cela se produit tous les jours. Certains écoutent les invitations de Dieu, ils acceptent sa grâce et seront avec lui pour toujours dans le Paradis.

Les autres continuent à traiter Dieu à la légère et se perdent à jamais !

Dans ce Mystère, demandons à notre divin Seigneur, par ses terribles chutes sur le chemin du Calvaire, de nous donner la force de ne plus tomber, ou au moins de ne pas tomber gravement, de ne pas tomber si souvent.

Témoignons de la compassion envers la sainte Mère de Dieu pour la douleur qui a déchiré son cœur de Mère en voyant les souffrances de son Fils.

Offrons à Jésus la compassion et la tristesse de sa sainte Mère lorsqu’elle l’a rencontré, chargé de sa Croix.

Offrons-lui le linge avec lequel Ste Véronique, cette femme héroïque, a essuyé son visage adorable.

Finalement, offrons-lui la compassion et la douleur des saintes femmes de Jérusalem qui n’ont pas craint de lui offrir l’expression de leur profond chagrin et de leur horreur à la vue de ses souffrances.

Si nous disons avec dévotion ce quatrième Mystère, Dieu nous donnera en abondance la force de porter les croix de notre vie.


 

Le Crucifiement, Fra Angelico

 

JÉSUS MEURT SUR LA CROIX

Le cinquième Mystère douloureux est la Crucifixion et la mort de Jésus-Christ.

Il est incroyable que si peu de chrétiens ressentent la mort du Christ. Ils la voient comme un fait parmi des milliers d’autres mais qui les touche très peu ou même pas du tout.

Lorsqu’un ami nous rend un petit service et plus encore lorsqu’il nous fait une grande faveur, les mots nous manquent pour le remercier. Nous espérons vivement avoir l’occasion de lui revaloir cette faveur ou au moins de lui témoigner notre reconnaissance.

Cependant, combien de chrétiens ne remercient jamais Dieu d’avoir souffert et d’être mort pour eux ! Demandez-vous, chers lecteurs, combien de fois vous avez remercié Dieu, le grand Dieu du Ciel et de la terre, d’avoir été crucifié pour vous. Et si vous l’avez fait, combien vos remerciements étaient froids et insensibles.

Dieu ne vous a pas seulement donné la plus grande et la plus personnelle preuve de son amour pour vous, il vous a sauvé de l’Enfer, il vous a donné en abondance ses grâces et ses bénédictions. Et malgré cela, vous lui rendez si pauvrement cet amour.

Jésus est enfin arrivé au sommet du Calvaire.

Ses bourreaux se ruent sur lui pour lui enlever ses vêtements et ils arrachent avec eux des morceaux de sa chair ensanglantée. Quel spectacle que ce Corps Sacré ainsi offert à sa pauvre Mère !

Puis ils l’ont jeté sur la Croix qui était si mal préparée qu’ils lui ont causé une atroce nouvelle torture en étirant sauvagement ses mains et ses pieds pour atteindre les trous percés pour recevoir les clous.

Sa sainte Mère a entendu les terribles coups frappés pour enfoncer les longs clous rugueux à travers ses mains et ses pieds pour entrer dans le bois de la Croix.

Pendant ce temps, on creusait un trou profond et les bourreaux ont dressé la Croix pour la laisser tomber dans la cavité qu’on lui avait préparée. Lorsque la Croix est retombée, tout le Corps de Notre-Seigneur, pendu aux clous, a été traversé d’une douleur intense causée par le choc de la Croix tombant au fond du trou.

Les Juifs raillaient, se moquaient dè lui et le blasphémaient.

L’âme du Christ était emplie d’une tristesse et d’une désolation infinies et il s’écria dans son angoisse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? »

Aucune parole ne pourrait décrire plus éloquemment la douleur, la désolation qu’il a ressentie durant ces trois heures terribles sur la Croix.

Le Père Éternel contemplait les souffrances affreuses de son divin Fils. C’est lui qui l’avait envoyé pour sauver l’homme pécheur et ingrat.

Les Anges dans le Ciel contemplaient le Dieu de majesté, émerveillés devant une telle bonté infinie.

Marie se tenait au pied de la Croix, Reine des Douleurs, Reine des Martyrs.

Elle était plus sainte que tous les Anges et tous les hommes, et souffrait en proportion de sa sainteté. Elle souffrait avec son divin Fils et coopérait avec lui à notre rédemption.

Demandons-lui de graver dans notre esprit et notre cœur cette vérité que Dieu est réellement mort pour nous.

 

La Résurrection du Christ, Fra Angelico

 

LA RÉSURRECTION

La Résurrection est la plus grande fête de l’Église parce qu’elle commémore le triomphe de Dieu sur ses ennemis, sur le péché et sur le diable.

St Paul dit que si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi et vaine.

Le Christ a opéré de merveilleux miracles durant sa vie, prouvant clairement qu’il était le Fils de Dieu, mais il promit le plus grand miracle de tous après sa mort, c’est-à­-dire la Résurrection, comme preuve spéciale de sa divinité.

Les Juifs comprenaient parfaitement cela, si bien qu’ils ont demandé à Pilate de placer des soldats pour garder le Saint Sépulcre car, disaient-ils : « Cet imposteur a dit qu’il ressusciterait des morts le troisième jour. De peur que ses disciples ne viennent dérober son corps et ne disent au peuple, ‘Il est ressuscité des morts’, il faut placer une garde devant le tombeau. »

Quand Notre-Seigneur est ressuscité ainsi qu’il l’avait dit, ils ont cherché à nier sa Résurrection, mais en vain. Tous leurs efforts n’ont servi qu’à prouver encore plus clairement qu’il était vraiment ressuscité et qu’il était réellement le Fils de Dieu.

Notre-Seigneur est né et il a vécu pour chacun de nous.

Il a souffert et il est mort pour chacun de nous et il est ressuscité des morts pour chacun de nous.

Nous sommes émerveillés par les témoignages d’amour personnel qu’il a donnés à des Saints, des preuves d’amour pour lesquelles ils n’auraient jamais pu le remercier suffisamment, même s’ils avaient vécu mille ans.

Pourquoi sommes-nous incapables de comprendre ce que Notre-Seigneur a fait pour nous : 

1) en se faisant homme expressément pour chacun de nous ; 

2) en mourant sur la croix pour chacun de nous ; 

3) en ressuscitant des morts pour chacun de nous ?

Nous avons déjà insisté sur ce fait, mais nous le répéterions volontiers des centaines de fois, chers lecteurs, si cela pouvait seulement vous convaincre de cette vérité et vous la faire sentir.

Dieu a vécu, il est mort et il est ressuscité, prodigieux Mystères d’amour. Il a fait plus encore en nous confiant les mérites infinis de sa Vie, de sa Mort et de sa Résurrection. Il nous les a donnés et nous pouvons les lui offrir comme s’ils nous appartenaient !

C’est pourquoi, en disant ce Mystère, nous devons demander à Dieu, par les mérites infinis de sa Résurrection, de nous donner la grâce de triompher de la mort, du péché et du diable.

Il est aussi très utile de penser à demander à Dieu la santé de l’esprit et du corps. Il a triomphé de la mort. Demandons-lui, par ses infinis mérites, de nous donner la santé du corps.

N’a-t-il pas rendu la santé aux malades, la vue aux aveugles et le mouvement aux paralytiques lorsqu’il était sur terre ?

Ne le fait-il pas constamment à Lourdes ? Ne donne-t-il pas à ses Saints le pouvoir de restaurer la santé lorsque les médecins et tous les moyens humains ont échoué ? Le prêtre, au moment le plus solennel de la sainte Messe, lorsqu’il tient Dieu entre ses mains, demande cette grâce. Une prière fervente n’obtient-elle pas chaque jour la santé à ceux qui la demandent ?

Offrons-lui donc les mérites de sa Résurrection et demandons-lui de nous accorder la santé, si telle est sa sainte volonté.

Troisième pensée. Jésus, par sa Résurrection, a triomphé du péché.

Demandons-lui avec pleine confiance de nous pardonner tous nos péchés et de nous donner la force de triompher de toutes nos tentations.

La quatrième pensée est que Pâques est la fête de la joie, des alléluias. Au matin de Pâques, le Ciel et la terre résonnent des alléluias de louange, de joie et d’exultation.

Demandons à Dieu de nous accorder la grande grâce de la joie, de la paix et de la confiance.

Bien des gens passent bêtement leur vie à se tracasser avec des soucis et des peurs inutiles ; ils semblent porter autour du cou un lourd fardeau de tristesse.

Prions de tout notre cœur la douce Mère de Dieu et demandons-lui, par les transports de joie qu’elle a connus au matin de Pâques en voyant son divin Fils glorieux et triomphant, de nous faire partager cette joie. Elle est notre tendre Mère et elle nous donnera sûrement cette joie.

Comme le dit St Paul, la Résurrection est la fête de notre foi, elle est le fondement de notre foi. Si le Christ n’était pas ressuscité, notre foi serait vaine.

Par conséquent, plus que toute autre grâce, nous devons demander dans ce Mystère la grâce d’une foi vivante, claire, forte et ardente.

Si nous avions la foi, nous pourrions déplacer des montagnes. Si nous avions la foi, nous pourrions voir toute la beauté et la consolation de notre sainte religion.


 

L'Ascension de Jésus, Laudario of the compagnia di Sant' Agnese

 

L’ASCENSION

Nous contemplons dans ce Mystère le délice et la joie de la bienheureuse Vierge Marie, des Apôtres et des disciples en voyant le divin Maître monter au Ciel, resplendissant de gloire.

La récitation de ce deuxième Mystère glorieux fait naître de bien belles pensées.

Premièrement, nous devrions nous réjouir de tout notre cœur, comme les Apôtres, à la vue de ce nouveau triomphe de Notre-Seigneur. Nous l’avons suivi dans les douleurs - il est bon que nous participions à ses joies.

La seconde pensée est que les Apôtres étaient également tristes et craintifs à l’idée d’être séparés de leur Maître bien-aimé, car si leur cœur était brûlant d’amour pour lui, ils étaient hélas trop conscients de leur propre faiblesse. Qu’allaient-ils devenir lorsque leur Maître serait parti ? Vers qui allaient-ils se tourner ? À qui demander de l’aide ? Il était tout pour eux.

Pourtant, après l’Ascension, ils sont rentrés dans la joie à Jérusalem. Pourquoi ?

C’est que Notre-Seigneur leur avait promis que même s’il montait au Ciel, il serait avec eux toujours, jusqu’à la fin des temps.

NOTRE-SEIGNEUR EST AVEC NOUS DE BIEN DES FAÇONS DIFFÉRENTES

Il est avec nous par sa Présence et sa Providence divines. Pas un cheveu de notre tête ne tombe sans sa permission. Rien ne nous arrive sans son consentement. Il est prêt à nous aider dans tous les dangers, toutes nos difficultés et nos tristesses, pour peu que nous l’appelions : « Jésus, sauvez-moi, Jésus, aidez-moi. »

Cette vérité est d’une importance transcendante car notre cher Seigneur est toujours avec nous, toujours prêt à nous réconforter et à nous consoler ; c’est une vérité que nous devons graver profondément dans notre cœur et garder chaque jour et à tout moment devant nos yeux,

Dieu ne permet jamais que soyons frappés par une souffrance sans nous donner la grâce et la force de la supporter.

Mais nous devons penser à lui, nous devons l’appeler, nous devons lui faire confiance. Heureux, mille fois heureux ceux qui ont conscience de la présence de Dieu et qui mettent en lui leur confiance.

DIEU EST AVEC NOUS DANS LE SAINT SACREMENT

Comme ils sont rares ceux qui profitent de la Présence de Notre-Seigneur comme ils le devraient. Combien peu boivent les eaux vives qu’il dispense à ceux qui le visitent dans son Sacrement d’amour. De quels délices nous pourrions jouir au pied de l’autel !

Nous devons prier avec une ferveur extrême notre douce Mère de nous donner une foi vive et ardente en ce divin Sacrement.

Dieu est-il réellement présent sur l’autel ? Est-ce que véritablement il me voit et m’entend ? Est-il vrai qu’il m’aime d’un amour personnel ?

Oh, assurément, très certainement ! Il suffit même d’y penser pour être en la Présence même de notre Dieu à n’importe quel moment ! Il est là sur l’autel qui nous attend, se languissant de notre visite, prêt à combler notre âme des grâces les plus précieuses.

Comment les hommes et les femmes peuvent-ils être assez aveugles pour ne pas visiter amoureusement et fréquemment Notre-Seigneur dans son église ?

L’amour de St Louis de Gonzague pour Notre­-Seigneur dans le Saint Sacrement était si intense et ses visites si fréquentes que les médecins jugèrent bon de les discontinuer, ou à tout le moins de les restreindre car sa santé était très faible.

Ses supérieurs lui ont donc ordonné de se rendre moins souvent et de prier moins intensément devant l’autel.

Le cher Saint confessa que c’est la seule fois où il eut de la difficulté à obéir. Son cœur était si brûlant d’amour pour Jésus à l’autel qu’il lui était difficile de résister à l’appel de cet ardent désir.

St Dominique, après une journée de travaux les plus ardus, ne cherchait comme seule récompense que le plaisir de passer la nuit près de Jésus dans le Saint Sacrement.

St Thomas d’Aquin éprouvait les joies les plus vives devant l’autel. Il passait des nuits entières dans des ravissements d’amour.

Nous pourrions remplir des livres et des livres avec de semblables actes de foi et d’amour.

On pourrait nous dire : Ces gens étaient des Saints !

Il n’est pas nécessaire d’être un Saint pour savoir et sentir que Jésus est présent dans le Saint Sacrement.

Il suffit de penser et de prier en demandant à Dieu d’ouvrir nos pauvres yeux aveugles.

La comtesse de Ferrari passait des heures et des heures devant le Saint Sacrement.

Des protestants eux-mêmes ont éprouvé le désir ardent de visiter Jésus sur l’autel.

Un ministre protestant avait pour habitude de se rendre dans une église catholique le jour où le Saint Sacrement était exposé. En sortant, il répétait souvent : « Oh, bien­heureuse foi catholique qui vous permet de rendre visite à votre Dieu et de lui parler si facilement. »

Un athée dit un jour : « Si je pouvais croire que Dieu est présent sur l’autel, je ne voudrais jamais quitter l’église. »

Un ami nous écrit de New York : «Je m’attendais à voir des merveilles dans cette grande ville et je ne n’ai certes pas été déçu ; mais ce qui m’a le plus surpris fut d’y trouver ce à quoi je m’attendais le moins. En descendant une de ces grandes avenues en fin d’après-midi, alors que les innombrables bureaux de la ville fermaient leurs portes pour la journée, j’observais une foule grouillante de gens de tous âges pressés de rentrer à la maison. Je remarquai non sans surprise qu’un bon nombre s’arrêtaient devant une église et franchissaient la porte. Curieux de savoir ce que cela signifiait, j’y entrai moi aussi. L’église était remplie. Tous étaient à genoux. Certains, les yeux fixés avec intensité sur le Tabernacle, articulaient une prière silencieuse ; d’autres se tenaient la tête baissée dans une profonde dévotion. Ils restaient ainsi quelques minutes, puis ils sortaient. L’église se remplissait de nouveau rapidement et la scène se répétait. J'étais stupéfait. Il était certes touchant, dans cette grande Babylone où la vie est une lutte et le temps de l’argent, de voir s’accomplir quotidiennement un acte de foi aussi impressionnant dans le Saint Sacrement. »

Jésus est aussi avec nous par la dévotion à son Sacré-Cœur. La façon la meilleure et la plus facile de pratiquer cette dévotion est la suivante :

1) Placer une image du Sacré-Cœur dans les pièces de notre maison.

2) Répéter fréquemment ces quelques paroles au cours de la journée : « Cœur Sacré de Jésus, j’ai confiance en vous. »

3) Porter un insigne du Sacré-Cœur.

4) Faire la neuvaine des premiers vendredis du mois.


 

La Pentecôte, Duccio di Buoninsegna

 

LA DESCENTE DU SAINT-ESPRIT

Le troisième Mystère glorieux est pour nous tous une très importante et très consolante leçon.

Notre-Seigneur avait choisi pour Apôtres des hommes timides, faibles et ignorants qu’il destinait cependant à convertir non pas un peuple ni une nation, mais le monde entier, un monde enfoncé dans le vice et la dépravation. Il a choisi pour cette œuvre immense de faibles hommes afin de nous enseigner qu’avec l’aide de sa grâce, tout est possible au plus faible des hommes.

Après l’Ascension de Notre-Seigneur, les Apôtres s’étaient réunis en compagnie de la douce Mère de Dieu et se préparaient à la venue de l’Esprit Saint que Jésus avait promis de leur envoyer.

Les Apôtres étaient encore faibles et timides. Ils avaient peur des Juifs et étaient loin de comprendre la doctrine céleste que Notre-Seigneur leur avait enseignée.

Le dixième jour, le Saint-Esprit descendit sur eux sous la forme de langues de feu qui se posèrent sur la tête de chacun des Apôtres.

En un instant ces hommes simples, ignorants et timides furent remplis de la sagesse et de la force de Dieu. Leur faiblesse avait fait place à un force étonnante, leurs peurs avaient disparu et leur aveuglement était illuminé par les lumières de l’Esprit de Dieu à un point tel qu’ils entrèrent dans le Temple et les synagogues pour y prêcher le Christ crucifié avec une clarté et une éloquence qui ont convaincu et converti des milliers d’auditeurs.

Ils discouraient en présence de leurs ennemis et confondaient les savants rabbins. Les prêtres et les scribes, si versés dans la connaissance de la loi, ne trouvaient rien à leur répondre.

Ces douze pêcheurs illettrés, semblables à douze puissants conquérants, s’assemblèrent pour tenir conseil et se partager entre eux le monde entier. Ils entreprirent de porter la parole du Seigneur jusqu’aux extrémités de la terre.

Ils ont bravé la furie des empereurs de Rome, méprisant leurs menaces et défiant leurs tortures.

Ils ont confondu les philosophes de la Grèce et de Rome, pénétré au cœur des régions les plus barbares et les plus éloignées de la terre, triomphant partout des puissances des ténèbres et de la corruption.

Comme cela a-t-il pu se faire, comment ces douze pauvres hommes ont-ils pu opérer un tel changement ?

Voici notre leçon, voici notre consolation. Ils étaient faibles et timides comme nous le sommes, mais avec l’aide de la grâce et des dons du Saint-Esprit, rien ne leur a été impossible.

Les auteurs sacrés nous rapportent que l’Esprit Saint est descendu sur eux avec plus de force et de rapidité parce que Marie priait avec eux et pour eux.

Notre prière, en disant ce troisième Mystère glorieux, doit être d’implorer la sainte Mère de Dieu de nous obtenir la plénitude de la force et de la lumière de l’Esprit Saint, ses dons et ses grâces dans toute leur riche abondance, tout comme elle l’a fait pour les Apôtres.

Nombreux sont les chrétiens qui vivent dans une lamentable ignorance de l’invincible puissance de la grâce. Ils confessent humblement leurs faiblesses et leurs misères, mais désespèrent presque de jamais les surmonter. Quelle folie !

Peu importe notre faiblesse et la violence de nos tentations, toutes les difficultés peuvent être surmontées avec l’aide de la grâce et de la force de Dieu.

Pas un Saint, par un Apôtre, pas un Martyr n’a fait quoi que ce soit de lui-même. C’est avec la grâce de Dieu qu’ils ont accompli les choses les plus grandes.

Nous obtiendrons cette grâce en abondance si nous la demandons par une ardente prière et si nous recevons les Sacrements avec dévotion et fréquemment.

Les Sacrements sont les grands canaux de grâce entre le Cœur de Dieu et notre cœur.

Il ne faut pas croire que le Saint-Esprit n’a opéré cette merveilleuse transformation que dans le cas des Apôtres.

Durant trois siècles entiers, face aux plus féroces persécutions, des millions de martyrs - de jeunes enfants faibles et timides, de vieilles gens, de douces jeunes filles, des hommes élevés dans le luxe - sont devenus si forts, si braves et si intrépides qu’ils ont enduré les tortures les plus longues et les plus horribles simplement par le pouvoir que la grâce leur a obtenu.

Le Saint-Esprit fait pour nous la même chose. Si donc nous sommes faibles et pécheurs, la faute est entièrement nôtre. Nous avons trop confiance en notre propre force et nous ne demandons pas l’aide de Dieu.

La leçon de ce Mystère est que nous ne pouvons rien par nous-mêmes - mais que tout est possible avec la grâce de Dieu.

La grâce de Dieu est véritablement une force, une puissance, une vertu divine, un pouvoir, une participation à la Nature divine.

Bien des gens ignorent totalement la nature et le pouvoir de la grâce.

Chaque fois que nous disons ce Mystère, il doit nous rappeler de prier de tout notre cœur pour obtenir la grâce divine.

Une dernière pensée. Tous les catholiques devraient pratiquer la dévotion à l’Esprit Saint. C’est lui qui nous console et nous réconforte. Il nous donne la lumière et la foi pour comprendre les vérités de notre religion.

Pourquoi tant de catholiques sont-ils si fermés, si aveugles, si lents à comprendre les grandes vérités de notre religion ? C’est qu’ils ne demandent pas au Saint-Esprit de leur donner la foi et la lumière, l’entendement et la compréhension de ces vérités.

Ils aiment et adorent le Père et ils le prient avec grande dévotion.

Ils honorent Dieu le Fils fait homme, Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Mais beaucoup ne prient pas le Saint-Esprit comme ils le devraient.

Il existe de nombreuses très belles prières au Saint­-Esprit. Si nous ne trouvons pas le temps de les réciter, disons au moins avec une dévotion spéciale le Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, et répétons aussi avec une égale ferveur les noms des Trois Personnes divines lorsque nous faisons le Signe de la Croix.

 

 

 

L'Assomption, Bartolomo della Gatta

 

L’ASSOMPTION

Dans ce quatrième Mystère glorieux du Rosaire, nous contemplons la très sainte et très heureuse mort de la bien­ heureuse Vierge Marie et son Assomption dans le Ciel.

La Mère de Dieu a eu une très sainte mort, elle est morte d’amour. Sa vie avait été si merveilleuse, si parfaitement sainte que sa mort fut incomparablement la plus sainte et la plus heureuse de toutes les créatures.

Notre doux Seigneur ne s’est pas lui-même exempté de la mort - ce qui fut bien la plus grande preuve d’amour qu’il pouvait nous donner. Il a voulu que sa Mère meure elle aussi afin qu’elle lui soit en toutes choses semblables.

Il lui conféra cependant une seconde faveur afin de lui manifester combien il l’aimait, combien il désirait qu’elle lui ressemblât.

Elle est morte d’une très sainte mort et les Apôtres l’ont déposée dans un tombeau. Son très saint corps y est demeuré trois jours. Les Anges veillaient sur lui et chantaient alentour des cantiques célestes. Son corps fut ensuite admis par Dieu dans le Ciel afin de ressembler plus étroitement à la glorieuse Résurrection des morts du Christ.

Il est clair que nous devons premièrement dans ce Mystère remercier Dieu pour la mort très sainte et très heureuse qu’il a accordée à sa chère Mère.

Nous devons ensuite demander ardemment à notre bienheureuse Mère, par la sainteté et le bonheur de sa mort, de nous obtenir une mort heureuse.

Le moment de la mort décide de notre éternité. Une joie infinie ou une misère sans fin dépend de notre mort. Qu’elle soit sainte et heureuse, nous jouirons alors du Ciel pour toujours et à jamais. Que notre mort soit mauvaise, et notre sort éternel sera d’être jeté en Enfer avec les démons.

 

 

Couronnement de la Vierge Marie, Giorgio di Martini 1472-1473

 

 

LE COURONNEMENT DE NOTRE-DAME DANS LE CIEL

Nous contemplons dans ce Mystère la gloire sublime de Marie dans le Ciel.

Nous aimons la chère Mère de Dieu. Comment pourrait-on ne pas aimer une Mère aussi gentille, aussi miséricordieuse, aussi douce. Elle est aimée de Dieu lui-même, elle est sa fille aînée, celle qu’il aime par-dessus tout. Il l’aime plus que tout le reste de sa création car elle en est digne. Elle est incomparablement plus sainte, plus belle, plus gracieuse que tous les Anges et les Saints du Ciel. Elle est bien au-dessus de toutes les créatures et n’est inférieure qu’à Dieu seul.

Dès les premiers instants de son existence, elle a été dotée de plus de grâces et de perfections que toutes les autres créatures. Ces grâces ont été multipliées à l’extrême à chaque instant de sa vie. De nouvelles et grandes grâces se sont accumulées de sorte qu’aucun esprit humain ne peut comprendre la sainteté et la gloire de Marie.

Marie a toutes les vertus, toutes les grâces au degré le plus éminent mais, oserions-nous dire, la grâce qui attire le plus nos pauvres cœurs humains est la douceur, la clémence, la tendresse et l’amour exquis de Marie, même pour les plus grands pécheurs.

St Bernard n’hésite pas à dire, et tous les Saints s’accordent avec lui, que jamais un pécheur ne s’est perdu qui ait eu recours à Marie !

Jamais on n’a entendu dire qu’elle ait refusé d’entendre une prière que le plus petit d’entre nous ait pu lui offrir.

Il est une autre pensée qu’il ne faut pas manquer d’avoir dans ce Mystère.

Nous aimons notre douce Mère, nous allons vers elle pour tous nos besoins, avec nos peurs et avec nos doutes. Nous avons en Marie une confiance illimitée et rien n’est plus justifié.

Il ne faut cependant pas être égoïste. Nous devons, en premier lieu, la louer et la bénir de tout notre cœur ; nous devons nous réjouir, nous devons exulter devant sa grande gloire. Elle n’est pas seulement notre Mère, elle est notre Reine.

Dans ce Mystère, nous considérons sa gloire dans le Ciel. Elle est Reine où Dieu est Roi.

Les Anges, brûlants d’amour, ravis à la vue de sa grandeur et de sa beauté, lui chantent des cantiques d’amour et de louange.

Nous devons nous aussi louer notre Reine, tout comme une foule criant son amour et son enthousiasme au passage de son souverain bien-aimé.

Nous devrions déborder de joie et exulter à la pensée que Dieu a fait d’elle sa Mère, qu’il en a fait la Reine du Ciel. Nous devrions nous réjouir d’honorer ses privilèges, sa pureté immaculée, sa divine maternité, sa beauté sans égale et son charme incomparable.

La grande pensée de ce Mystère est par conséquent la louange et l’exultation devant la gloire de Marie notre Mère et notre Reine.

Marie est la Reine du Ciel.

Comme nous connaissons mal le Ciel, comme nous y pensons peu - et parce que nous ne pensons pas au Ciel, nous perdons l’immense consolation qu’une telle pensée pourrait nous apporter.

Si nous avions seulement une petite idée du bonheur qui nous attend, nous ferions de bien plus grands efforts pour gagner le Ciel. Comme il nous tarderait d’y être!

Un seul moment dans le Ciel sera une récompense suffisante pour toutes les peines et toutes les souffrances d’une centaine existences.

Rappelons-nous également que chaque bonne action, chaque acte d’amour augmentera notre mérite dans le Ciel. Un acte d’amour que chacun de nous peut accomplir en une minute aura dans le Ciel une récompense éternelle.

La pensée du Ciel nous consolerait de nos plus amères souffrances. C’est ce que St Paul veut dire lorsqu’il affirme : « J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. »

Nous agissons comme des prisonniers et des esclaves satisfaits de leur sort misérable et qui n’aspirent pas à leur libération. Nous nous contentons de cette vallée de larmes, de cette pauvre vie avec toutes ses misères, ses peines et ses souffrances.

Nous devrions avoir pour but le bonheur du Ciel. Il est parfait, complet et absolu. Il n’y aura plus ni peines ni souffrances, rien qu’un bonheur infini, complet, immense et parfait. Notre joie sera totale.

Mère de Dieu, aidez-nous à comprendre ce qu’est le Ciel.

II est lamentable que tant de catholiques semblent perdre toutes les consolations, toute la beauté de notre sainte religion. C’est une religion d’amour, de paix et de bonheur. Nombreux sont ceux qui ne jouissent pas du merveilleux amour que Dieu a pour eux. Ils semblent n’avoir aucune idée de son amitié.

Ils ont la possibilité de lui parler amoureusement dans la prière et ils font de la prière une pénitence et un fardeau.

Il meurt pour eux réellement et véritablement chaque matin à la Messe. Ils ne semblent pas le comprendre ; ils ne le ressentent certainement pas.

Pourquoi ne pas demander à notre douce Mère de nous donner un avant-goût des joies du Ciel, ce que nous devrions avoir dans notre sainte religion ?

 

 D'après le secret de la Prière, R.P. Paul O'Sullivan, o.p. (E.D.M.), Editions LEPAREX

 

L'Archange Gabriel

annonça à Marie